Plus de la moitié des sous-traitants d'Apple ne respectent pas la limite de 60 heures de travail hebdomadaire. Au moins trois usines où sont fabriqués des produits du groupe ont fait travailler des enfants. Un tiers verse des salaires inférieurs au salaire minimal local. Tels sont les principaux
constats de l'audit 2010 effectué par Apple dans les usines qui fabriquent ses baladeurs, téléphones et ordinateurs, pour vérifier si elles se conforment au code de conduite édicté par l'entreprise.
L'enquête interne d'Apple met en évidence de nombreuses violations. Les règles imposées aux sous-traitants ne sont pourtant pas spécialement contraignantes : dans la majorité des cas (salaire minimum, âge minimum, heures supplémentaires...) les sous-traitants s'engagent simplement à respecter la loi de leur pays. En Chine, par exemple, où se situe une part importante des entreprises travaillant pour Apple, la loi – largement ignorée – impose un maximum de 49 heures de travail par semaine. Le code de conduite est moins strict, puisqu'il
prévoit un maximum de 60 heures, heures supplémentaires incluses, et un jour de repos hebdomadaire.
En ce qui concerne la sécurité des employés, le rapport note que dans 40 % des usines, les équipements de protection sont insuffisants, et que chez plus de 15 % des sous-traitants, les salariés peuvent être exposés à des produits chimiques dangereux. Dans trois usines différentes, les inspecteurs ont découvert que onze mineurs de 15 ans avaient été employés, alors que l'âge minimal légal était de 16 ans.
Aucune usine ou pays n'est identifié dans le rapport, qui concerne 102 usines.
RESPONSABILITÉ ENVIRONNEMENTALE
Fin janvier, les salariés d'une usine chinoise travaillant notamment pour Apple s'étaient mis en grève, après avoir découvert que plusieurs employés avaient été empoisonnés par contact avec de l'hexane, un produit interdit en Europe et aux Etats-Unis mais parfois utilisé en Chine pour nettoyer les écrans à cristaux liquides. Les autorités locales ont confirmé le 24 février qu'une soixantaine de personnes avaient été intoxiquées par ce produit
qui cause une paralysie et nécessite plusieurs mois de traitement en cas de contamination. L'usine, gérée par l'entreprise chinoise Wintek,
affirme qu'elle n'utilise plus ce produit depuis mi-2009, mais sondirecteur a été licencié.
Dans son guide 2010 des entreprises d'électronique, l'organisation écologiste Greenpeace attribuait une note stable à Apple, notant que l'entreprise avait fait des progrès sur l'élimination de composants toxiques dans ses produits, mais refusait de s'engager sur ce domaine pour les prochaines années. Lors du dernier conseil d'admistration de l'entreprise, la semaine dernière, les actionnaires ont rejeté une motion proposant la publication d'un
rapport annuel détaillé de ses pratiques environnementales.
TRANSPARENCE ET SANCTIONS
Si le rapport interne d'Apple dépeint des conditions de travail très dures, l'entreprise met en avant le fait qu'elle est l'une des rares à procéder à des inspections régulières de ses sous-traitants. "Durant la plupart de nos inspections, les sous-traitants nous ont affirmés qu'Apple était la seule entreprise qui avait jamais procédé à une visite de leur usine", note le rapport. De fait, les conditions de travail catastrophiques dans les usines de composants électroniques, notamment en Chine, ne sont pas l'apanage d'Apple : l'usine Wintek où des salariés ont été empoisonnés à l'hexane fabrique également des écrans pour Nokia, par exemple. Apple a mis en place ces contrôles en 2006, après une série de révélations sur les conditions dans lesquelles étaient fabriqués ses baladeurs iPod. Le rapport montre cependant que les sous-traitants ont peu à craindre de ces inspections. Malgré les nombreuses violations de la loi et du code de conduite constatées par Apple, une seule usine a vu son contrat dénoncé par l'entreprise. Deux années de suite, les inspecteursavaient constaté que les horaires de travail et les jours de repos n'y étaient pas respectés, et que la direction de l'usine avait de plus falsifié les registres pour tenter de masquer ces manquements.Le Monde.fr
Ah la belle entreprise responsable....