Aux Etats-Unis, la première major du disque va proposer un échantillon de ses nouveautés à 10 dollars l'album, comme pour les ventes en ligne. Les principaux distributeurs soutiennent l'opération, qui sera étendue en cas de succès.
Un prix plus attractif pour enrayer la chute des ventes de disques ? Le débat n'est pas nouveau. Il fait rage depuis que les ventes de disques sont en berne. Mais il prend aujourd'hui une nouvelle tournure aux Etats-Unis avec Universal Music.
Comme l'a révélé le magazine « Billboard », à partir du deuxième trimestre, la première major mondiale de la musique va proposer ses disques à moins de 10 dollars. Tout en diffusant également des versions de luxe des albums, qui seront vendues plus cher. Ce prix de 10 dollars est emblématique, puisqu'il correspond au prix généralement constaté pour un album vendu en ligne sur Amazon ou sur le magasin iTunes d'Apple.
Sur un marché du disque physique qui continue de s'effriter inexorablement aux Etats-Unis - il a baissé de 18,2 % en 2009, après un repli de 19,7 % en 2008 - , la major présidée par Doug Morris espère ainsi relancer ses ventes. En 2009, Universal Music a de nouveau enregistré une mauvaise année : le chiffre d'affaires de sa division musique enregistrée a baissé de 9,1 %, pour atteindre 4,36 milliards d'euros. Ce repli cache en fait un nouvel
effondrement des ventes de CD (- 13,6 %) qui n'a pas été compensé, loin de là, par la progression des ventes sous format numérique (+ 5,8 %).
Conséquence directe, le résultat d'exploitation d'Universal Music a baissé de 15 %.
« Nous pensons que cela va vraiment susciter une nouvelle vie pour le format physique », a déclaré dans les colonnes de « Billboard » Jim Urie, le directeur général de la branche distribution d'Universal Music.
Test grandeur nature
Dans les faits, c'est un test grandeur nature pour évaluer les réactions du marché. « L'opération ne concernera pas toutes les nouveautés, mais certaines d'entre elles, précise d'ailleurs Peter Lofrumento, le directeur de la communication d'Universal Music. On attendra de voir comment cela marche avant de continuer. »
Les principaux distributeurs de musique, la grande distribution, avec Wal-Mart et Best Buy en tête, vont y participer. Mais ils espèrent aussi que les autres majors suivront ce mouvement, ce qui est loin d'être gagné. Dans un contexte de baisse de leur chiffre d'affaires et de pression sur leurs
marges, elles sont évidemment peu enclines à baisser leurs tarifs de ventes. Des deux côtés de l'Atlantique, la question du prix du disque
fait toujours l'objet de vifs débats entre producteurs. Pourtant, Universal Music n'est pas le premier à , innover dans ce domaine. Au cours des derniers mois, la chaîne de magasins Trans World Entertainment, une des principales chaînes spécialisées dans le divertissement aux Etats-Unis, avait déjà tenté l'expérience de vendre des CD à 9,99 dollars. Une opération à laquelle ont participé la plupart des majors (sauf Warner Music) et les maisons de disques indépendantes. Et qui a été couronnée de succès : les ventes des albums concernés ont plus que doublé.
GRÉGOIRE POUSSIELGUE, Les Echos